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Les vœux
Ce jour là, Lisa décida de faire la liste de ses vœux pour la nouvelle année. C’était un peu tard mais mieux vaut tard que jamais. Ayant rempli trois pages, elle était très contente d’elle et elle invoqua son génie préféré en vue de leur réalisation courant 2016. Durant la nuit, son génie familier lui apparu et lui dit :
« Lisa, je réaliserai sans doute quelques uns de tes vœux. Je ne te demande pas quels sont tes trois vœux les plus chers. Avant cela, je veux que tu réfléchisses bien à ce que tu veux vraiment. Tous les éléments de ta liste commencent par : acquérir, avoir, gagner, recevoir, obtenir, …. Que ce soient des biens matériels en accord avec le toujours plus actuel ou des réalisations relationnelles, tout est pour le moi , tout vient de ton ego et tout concourt aux malheurs de ce monde, prends en conscience.»
Lisa trouva cela étrange car ce n’est en général pas le rôle d’un génie de vous faire de la morale. Mais elle était vexée et un peu honteuse. Elle tenta de se défendre en montrant au génie les vœux de sa liste qui commençaient par devenir>.
Le génie sourit et tenta de lui ouvrir l’esprit :
«Crois tu que ton souhait de vouloir devenir meilleure, que ce soit dans un domaine intellectuel, manuel, artistique, psychologique ou spirituel ne provient pas de ton ego? Eh bien tu te trompes. Seul ton faux, irréel moi peux vouloir s’améliorer. Ton vrai moi, le moi profond est tout simplement.»
Sur ce le génie disparut laissant Lisa pantoise, confuse et désemparée. Où était passée la magie ? Il semblait que tout vœu était un souhait de l’ego, une illusion, une irréalité. Cela était assez terrifiant. Comme pour les vœux, il semblait que tout était ego dans l’existence. La mort de l’ego n’était-ce pas la mort tout court ? Et si l’ego était irréel, cela entraînait logiquement l’irréalité de la vie ce que Lisa ne pouvait accepter.
Lisa réfléchit et s’aperçut qu’il ne restait encore un souhait possible, celui de faire disparaître son ego. Mais cela constituait un véritable casse tête. Ce n’était pas l’ego qui allait vouloir sa propre désintégration. Si elle pouvait atteindre son moi profond, c’est que l’ego aurait disparu : un cercle vicieux.
Seule une inspiration magique pouvait résoudre ce problème n’est-ce pas? Le véritable vœu n’est-il pas que le génie revienne et prenne soin d’elle ?
Le film de sa vie
Ce soir là Léa fit un rêve semi-lucide dans lequel elle se trouvait spectateur d’un film ou plutôt d’une suite d’images qui retraçait en gros le déroulement des grandes étapes de sa vie. Le plus bizarre est que ces images ne provenaient pas forcément d’événements dont elle se souvenait vraiment ou qu’elle trouvait importants. Elle observait sans vraiment d’émotions fortes associées à la vision d’images correspondant à des événements plus ou moins traumatisants. Elle était sans jugement sur ses actes, sans jugement sur les personnages des images, sans même de joie à se remémorer les moments de bonheur. Il ne s’agissait pas d’un examen de conscience.
L’examen de conscience, c’est ce que croient subir les personnes qui ont eu une expérience de mort imminente et qui décrivent avoir vécu le déroulement de leur vie comme un film à vitesse accélérée. Personnellement je ne crois plutôt qu’il s’agit alors d’une purge de la mémoire précédant du grand saut hors du temps et de la matière.
Léa sortit de son rêve éveillé en se sentant merveilleusement libre et en harmonie avec elle-même, les êtres et les choses. C’était un état miraculeux qu’elle avait l’intention de voir durer le plus possible.
Se pourrait-il qu’elle ait vécu le déclic permettant d’effacer les conditionnements provenant de l’éducation, du milieu et de la culture environnante, de toutes les circonstances de sa vie ? Se pourrait-il qu’elle soit libérée de tout ce faux moi qui est la source de toutes les rigidités de pensée et d’action ? Se pourrait-il qu’elle soit libérée des réactions de colère abruptes et inopportunes, des intolérances et des idées toutes faites ? Se pourrait-il qu’elle soit libérée des conflits internes qui sont à l’origine de toutes les souffrances psychologiques ? Se pourrait-il qu’elle soit libérée des croyances irréfléchies, de l’irrationalité des jugements et des actions illogiques ? Laissons la porte ouverte à l’espoir de la guérison!
Étoile où t’en vas-tu ?
Ces quelques vers d’Alfred de Musset ont touché mon cœur quand je les ai appris à l’école :
Pâle étoile du soir, messagère lointaine,
Dont le front sort brillant des voiles du couchant ;
De ton palais d’azur au sein du firmament,
Que regardes-tu dans la plaine ?
Étoile qui descend sur la verte colline,
Triste larme d’argent du manteau de la nuit,
Toi, que regarde au loin le pâtre qui chemine,
Tandis que pas à pas son long troupeau le suit :
Étoile, où t’en vas-tu dans cette nuit immense ?
Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?
Où t’en vas-tu si belle, à l’heure du silence,
Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?
Je ne les ai jamais oubliés. Ils vibrent à l’unisson de mon être. Ne sommes nous pas tous faits de poussière d’étoiles !
La princesse Sérendip
La princesse Sérendip est la fille d’une fée Urgine et du bon génie Odie. Elle est d’une beauté éblouissante, diaphane et toute de lumière bleue et or. Par contre, elle n’a pas hérité des dons de magie de sa mère, ce qui la désole, ni d’ailleurs des dons de son père qui sait répondre aux vœux sincères des êtres à l’esprit ouvert. C’est pourquoi je ne peux lui attribuer le titre de fée ou de génie mais celui de princesse. Son père lui révéla le jour de ses dix huit ans qu’elle devait avoir un don spécial qui procédait de l’union des pouvoirs de son père et de sa mère mais qu’il ne savait pas exactement en quoi il consistait. C’était à elle de le rechercher. Elle devait garder l’œil ouvert et l’esprit libre et en paix afin de le découvrir.
Alors Sérendip se mit à méditer et à enter en harmonie avec son être profond afin de pouvoir réussir sa mission terrestre. Elle vit qu’elle pouvait se rendre invisible et entrer dans l’être des humains pour y déceler ce qui leur tenait à cœur.
Aussitôt qu’elle fit cette découverte*, Sérendip se retrouva dans les rêves très tristes d’une petite fille d’une douzaine d’années Rachel. Son père qui avait eu un accident vasculaire cérébral avait du tout réapprendre à marcher, à parler, à manger et à s’habiller seul, Il ne reconnaissait plus les siens et les prenait pour des étrangers dangereux. Il était dans un centre de rééducation qui estimait qu’il pouvait désormais revenir chez lui. Mais Henry refusait, Henry avait peur. Aussitôt Sérendip suggéra à Rachel d’aller rendre visite à son père en milieu de mâtinée, ce qu’elle fit. Sérendip arrangea les circonstances de sa visite. Quand Rachel entre dans la chambre de son père, celui-ci tente vainement de faire un nœud pour lacer ses chaussures. Alors la petite fille s’approche doucement et montre à son père comment faire. Henry la regarde et lui demande comment elle a appris cette technique. Rachel lui répond :
«C’est toi qui me l’as appris.»
Henri regarde profondément Rachel. Il ne la reconnait toujours pas mais annonce qu’il veut bien partir avec elle.
Sérendip a compris que son rôle est de créer les circonstances qui doivent favoriser une prise de conscience, une découverte, une rencontre Elle m’a aidé quelquefois dans ma vie et dans mes travaux de recherche scientifique. Elle l’a sans doute fait pour vous dans le passé et le fera encore dans le futur.
* L’histoire provient d’une adaptation tirée du film À propos d’Henry, film que j’apprécie énormément.